Versailles, 1667 Sous le règne du Soleil se trament de drôles de choses... |
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| Un mystérieux rendez-vous [réservé] | |
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Mirolaïa Chvarned Svarna Ambassadrice/Admin
Nombre de messages : 96 Date d'inscription : 08/11/2006
| Sujet: Un mystérieux rendez-vous [réservé] Dim 14 Jan - 2:06 | |
| La jeune femme, après avoir reçu la lettre de ce Simara qu'elle ne connaissait point, s'était précipitée hors du salon de Vénus. Elle avait choisi, pour paraître plus inaperçue, de passer par ses appartements afin de se changer. Fanchon n'était pas là et c'était compréhensible, elle devait probablement faire la fête parmi les serviteurs de Versailles. Seule, Mirolaïa avait délacé son corsage, ôté sa coiffe et sa robe, passé à la place une tenue française brodée dans les ténèbres. Elle n'avait pas pris la peine de fixer des paniers sur ses hanches, aussi la jupe flottait-elle avec fluidité autour de ses jambes. Elle cacha la petite matriochka dans son corsage lacé de bleu sombre et attacha un châle sombre sur ses épaules. Elle avait détaché ses cheveux qui tombaient en boucles éparses dans son dos, le seul artifice qui lui restait était ce rouge sur ses lèvres. Une jeune femme toute de noir vêtue passait plus facilement inaperçue qu'une ambassadrice Russe parée de ses atours étrangers. Mirolaïa traversa une seconde fois le salon d'Hercule qui l'avait menée à ses appartements, espérant qu'on ne la verrait du salon de l'Abondance et, plus loin, du salon de Vénus. Discrète comme une chatte, elle commença à descendre les escaliers avant de se rendre compte qu'elle s'était trompée de chemin : celui qu'elle prenait la mènerait dans la cour, et non dans les jardins. Pestant intérieurement contre elle-même, elle dut se résoudre à se rendre dans le Salon de l'Abondance où elle passa inaperçue dans la foule. Les valets à la porte du salon de Vénus se demandèrent cependant combien de portes ouvrir, elle posa d'elle-même la main sur la poignée et se fraya un chemin parmi les convives. Elle se collait au mur et baissait la tête, ainsi personne ne faisait attention à elle. Cependant, quand elle renversa un des musiciens, un tollé se fit entendre. Affolée, elle courut à en perdre haleine dans la salle des buffets, évitant ainsi le salon de Diane. Elle se rendit dans la pièce des bains, puis dans l'arrière-cabinet. Des valets la poursuivaient toujours, ils n'avaient pas coutume de voir à Versailles une femme habillée comme une bourgeoise et en cheveux. Elle se dissimula à un moment derrière une tenture alors que le couloir se scindait en deux. Elle reprit sa respiration, son coeur battant à tout rompre. Elle avait semé la moitié de ses poursuivants mais l'autre partie était toujours à ses trousses. Elle sortit de sa cachette et se précipita dans le cabinet intérieur puis dans le cabinet de la pendule où elle n'avait absolument pas le droit d'être. Arrivée là, elle hésita quant au chemin à prendre et opta pour la droite. Elle se retrouva dans l'antichambre des chiens. Sans prendre le temps d'admirer le décor, elle déboula en trombe dans la salle à manger des cabinets. Elle se cacha alors, trop fatiguée pour continuer sa course. Un rideau lui servit cette fois d'abri, elle respira longuement. Ses poursuivants arrivèrent peu après elle, et comme sentant sa présence, s'arrêtèrent. L'angoisse lui revint. Quand elle sentit qu'un des valets s'approchait de son rideau, elle sortit avec la vitesse d'un boulet de canon, attrapa un chandelier et l'envoya dans la tête de l'un des hommes. Courant comme une furie, elle longea un couloir étroit. Enfin, elle tourna à gauche, se précipita droit devant elle. Elle se rendit compte trop tard qu'elle traversait la salle du conseil et que la porte qu'elle venait d'ouvrir était celle de... la chambre du roi. Elle se mordit furieusement la lèvre : il ne s'agissait plus de tomber entre les mains des gardes à présent. Si on la repérait et si le roi devinait qui elle était, elle risquait fort d'y laisser sa tête. Elle s'élança, plus rapide encore, dans l'antichambre de l'oeil de boeuf. Elle retroussa légèrement ses jupes pour se faciliter la tâche, et avant de sortir de la chambre du roi, laissa tomber un rideau masquant la porte pour rendre la tâche plus difficile aux gardes. Un sourire naquit sur ses lèvres, la situation avait un petit quelque chose d'excitant et d'amusant. Cependant, elle entendit des bruits de course venant de l'escalier du marbre. Elle descendit jusque dans la cour du Dauphin et se précipita par une série de couloirs jusque dans le grand cabinet. Enfin, elle réussit à sortir du château... ¤¤¤ Marchant, elle traversa le parterre de l'Eau. Silhouette diaphane dans la pénombre, elle sentait avec délice l'air frais caresser son visage. Elle ne profita cependant que de quelques pas et se remit à courir afin de disparaître dans un recoin. Elle prit un peu trop à gauche et, plutôt que de se retrouver près du bassin de Latone, elle entra dans le bosquet des Rocailles et la Salle du Bal. Enfin à l'abri des regards, elle cessa de courir. Elle se laissa tomber sur un banc de la salle de bal et reprit sa respiration. Elle entendait des bruits de voix au loin, ordonnant de fouiller les bosquets, elle n'avait pas pu aller bien loin. Il fallait découvrir qui était cette fille qui osait braver l'interdiction... entrer dans la chambre du roi... quel culot ! Un homme avait juré l'avoir vue partir à droite, il fallait donc chercher jusqu'au bassin de Neptune. Si on ne la trouvait pas, il faudrait abandonner les recherches. De toute manière, elle se perdrait dans Versailles et on la trouverait, au matin, transie de froid. Mirolaïa se prit à sourire. Si elle ne s'égarait pas, ils ne la trouveraient pas. Revigorée par cette pensée, elle se mit en marche. Elle traversa les quinconces du midi, belles constructions qui de nuit paraissaient étrangement calmes. La jeune femme se sentait sereine. Ses pas la menaient tranquillement, elle profitait de la saveur de la soirée. L'obscurité ne la dérangeait pas outre mesure, puisque la lune lui fournissait sa nitescence délicate. Sa peau n'en paraissait que plus belle car au moins aussi pâle que l'astre nocturne lui-même. Elle resta à découvert un moment puis rentra dans la Colonnade. Elle ne prit pas le temps d'admirer, pensant bien que son mystérieux Simara était fort pressé. Elle traversa l'allée Royale et le Tapis vert, entra dans le bosquet des Dômes. Elle tourna à gauche, et enfin, atteignit l'Encelade et sa beauté sans pareille. La fontaine déversait son jet d'eau à une allure continue. Le titan de l'Encelade restait là, immobile comme la statue qu'il était, pourtant Mirolaïa se surprit à craindre qu'il lui saute dessus afin de la tuer. Elle porta une main à son coeur qui menaçait d'à nouveau s'emballer. Elle avait subi déjà beaucoup d'émotion pour la soirée, autant rester calme. Elle l'aperçut alors. Elle devina qu'il s'agissait de Simara... derrière un masque. Elle se dit qu'elle aurait dû s'armer, mais c'était trop tard à présent... - Bonsoir, lança-t-elle de sa voix encore légèrement haletante, dans un français teinté d'un fort accent russe. Vous êtes Simara...Ce n'était pas une question, mais un constat. La jeune femme attendit qu'il explique pourquoi il lui avait demandé un rendez-vous, elle ne quitta pas l'entrée du bosquet, craignant une attaque. | |
| | | Simara Frondeur
Nombre de messages : 6 Localisation : Partout où il le faut Date d'inscription : 29/11/2006
| Sujet: Re: Un mystérieux rendez-vous [réservé] Mer 17 Jan - 1:27 | |
| Devinant aisément qu'il était difficile pour une dame de Cour, une ambassadrice de surcoît, de quitter un bal si facilement, Simara ne s'était pas pressé de venir à l'Encelade. Il avait profité de cette soirée fraîche, de ce quasi-silence qui régnait dans les jardins, lorsque des cris de gardes avait alerté son attention. Il n'avait eu le temps que de voir une silhouette étrange se glisser dans le fond des jardins. Un voile entourant de longues jambes fines, des cheveux sombre qui s'étalaient dans le vent alors que l'on courrait...voilà la silhouette qu'avait pu voir Simara. Mais il n'avait point eu besoin de son grand sens de l'observation pour deviner que cette silhouette était celle qu'il attendait.
Curieuse attitude pour une ambassadrice...même si Versailles regorge de mystères.
Il s'éloigna des cris des gardes pour avancer vers les bosquets du rendez-vous. Les bruits du bal s'estompait, et la lune rendait l'endroit plus mystérieux qu'il ne l'aurait été par une simple nuit. Un vent léger faisait flotter les feuilles des buissons, on aurait pu se croire entouré de milles petits êtres espionnant et guettant les moindres mouvements de personnes présentes.
L'ambassadrice était là. Son essoufflement prouva à Simara qu'elle était bien la silhouette poursuivie par les gardes, et un léger sourire se dessina sur ses lèvres derrière son masque noir. Il nota son hésitation; la jeune femme restait à sa place.
-Ne craignez rien. Vous venez d'arriver à Versailles, personne ne vous connaît, vous tuer reviendrait à tuer le vagabond qui attend son sou devant une boutique; risque inutile.
Il répondit à la constatation de la jeune femme.
-Oui, je suis bien Simara, je note votre grand sens de l'observation. Et je vois également que vous attendez des explications, que je vous donne dès maintenant.
Il marqua une pause, cherchant les mots qui marqueraient l'ambassadrice, les termes qui la toucheraient.
-Que cherche une jeune ambassadrice russe en France? La Russie n'est qu'un grain de riz dans l'assiette du Roi de France, pour Louis le Quatorzième. Alors qu'attendez-vous de cette visite? Une reconnaissance de la France pour votre pays? Une alliance?Une déclaration de guerre?
Il réfléchi quelques secondes;
-Est-ce habituel, en Russie, que les femmes se mêlent aux affaires politiques?
Pour moi, il en est autrement, Mademoiselle. Songez que dès lors que vous aurez rencontré le Roi, il désirera rendre compte auprès de votre Tsar.
Il eu un rire ironique;
-Jouons à un petit jeu, Mademoiselle. Imaginons la réaction de notre cher Louis le Quatorzième, lorsqu'il apprendra qu'aucune ambassadrice n'a été envoyé par le tsar en France. Imaginons les moyens qu'il mettra en oeuvre pour vous retrouver, vous enfermer, vous voler votre liberté.
Mademoiselle, pensez-vous pouvoir égaler mon imagination? Je ne pense pas...elle est très fertile...et est parfois si proche de la réalité qu'on en n'oublie qu'il ne s'agit que d'une imagination.
Voulez-vous jouer à ce petit jeu? Ou si vous préférez, acceptez mon aide, si mince soit-elle, car pour pénétrer ce palais, il vous faut un guide, et pour le quitter sans danger, il en est de même. A Versailles, il est conseillé d'avoir un seul guide, et de préférance, qu'il ne soit point garde ou mousquetaire.
Seule la confiance que pourrait peut-être lui accorder l'ambassadrice, permettrait à Simara de la faire venir à lui et à la grande Cause qu'il défendait. Il avouait ne rien connaître de cette femme, seulement, une jeune femme russe, ambassadrice en France était bien rare, et quelques questions à des personnes qualifiées avaient permis à Simara de confirmer ses doutes: cette femme pouvait être une princesse russe ou une paysanne, mais en aucun cas ambassadrice. Savoir ce qu'elle cachait le démangeait, mais son but ce soir n'était point là; il devait la mettre en confiance.
-Que choisissez-vous, Mademoiselle? Vous laisser enfermer comme les chiens du Roi, lorsqu'ils ont attrappé le gibier, ou acceptez-vous une aide qui pourrait vous permettre de rester à Versailles le temps de trouver ce que vous cherchez? | |
| | | Mirolaïa Chvarned Svarna Ambassadrice/Admin
Nombre de messages : 96 Date d'inscription : 08/11/2006
| Sujet: Re: Un mystérieux rendez-vous [réservé] Sam 20 Jan - 17:24 | |
| Instinctivement, Mirolaïa porta la main à son corsage lorsqu'elle entendit la voix de Simara. Elle avait l'habitude d'y cacher un poignard mignon qui jaillissait facilement lorsque l'on lui pressait la taille, habitude des tziganes. Elle ne l'y trouva bien sûr point et dissimula son geste en mouvement pour replacer une boucle noire égarée sur son front diaphane. La lune mettait sur son être une nitescence élégante et froide. L'astre se reflétait dans ses prunelles claires. Elle laissa retomber ses doigts sur sa jupe. Une légère buée s'échappait de ses lèvres entrouvertes, le froid glacial de son temps ne l'émeuvait pourtant guère. Elle s'autorisa même un sourire, aussi algide que la température. Elle regarda les trous du masque de Simara, comme si elle avait pu voir ses yeux à travers, et s'avança vers lui. Son pas lent et gracieux paraissait dans la nuit celui d'une funèbre danseuse. Elle s'arrêta à quelques mètres de l'homme. Son visage, hormis ce sourire dérangeant, restait impassible. Elle écouta sans broncher le discours de Simara, non sans amusement, mais un amusement déroutant. Ses orbes d'argent brillaient intensément, elle paraissait attendre quelque chose. Quand il se fut tu, elle laissa quelques secondes s'écouler avant de lancer, dure et froide :
- Me tuer serait pourtant fort avisé. Car l'ambassadrice Russe possède peut-être certains secrets qu'il vaudrait mieux ne pas dévoiler. Ou bien ne sait-elle rien et serait-ce intéressant qu'elle ne sache jamais rien.
Un vent frais s'était levé. Nullement troublée, Mirolaïa ressentait pourtant une alacrité lancinante s'immiscer en elle. Elle n'avait pas peur, cependant cette joute verbale qui s'annonçait lui causait des sentiments contradictoires. L'excitation de sentir la situation si facile à dominer, l'ennui de n'avoir dû se déplacer que pour si peu... Après un instant de silence, elle reprit :
- Jouons plutôt à mon jeu. Supposons que le roi apprenne de quelle manière d'étranges hommes masqués déambulent dans Versailles. Le sachant, il se fera plus suspicieux et vous traquera. Certes il est facile d'ôter un loup de velours. Et il est aussi fort aisé de placer un masque mortuaire sur un visage.
Ces paroles étaient dites d'un ton fort léger, elle paraissait converser de tout et de rien. Toutefois, y discerner la menace n'était guère compliqué, les mots n'étaient pas choisis dans le but de la dissimuler. L'expression du visage de Mirolaïa n'avait pas changé, elle souriait toujours, et quand elle ouvrait la bouche pour parler, ses canines aiguës transparaissaient.
- Vous me sous-estimez, Simara. Et vous sous-estimez mon pays. Le... "grain de riz"... est certes affaibli en ces temps troublés. Toutefois nous sommes en temps de trève avec la Pologne et nous pourrions pousser par l'Est sur les Habsbourg d'Allemagne. Le fait que l'une d'entre eux ait épousé votre souverain ne changera rien à la menace militaire que nous pouvons être. Cependant soyez rasséréné : le tsar n'a aucune vélléité de s'en prendre à la France.
Mirolaïa connaissait quelque peu de politique grâce à son frère. Le reste, elle l'avait glané lors de ses errances à travers le monde. Et l'année passée dans le palais du tsar avait également aidé à accroître sa culture... du moins, du temps où elle était innocente. Une ombre soucieuse passa sur son front laiteux.
- Peut-être en Russie les femmes font-elle de la politique. Y avez-vous jamais été ? ... Vous me proposez d'être mon guide. Qu'est-ce qui me prouve que sous votre masque ne se dissimule pas en effet un garde ou un mousquetaire ? Il me semble que vous cherchez à gagner ma confiance. Sachez que... sa voix, jusque-là acide et algide, se radoucit. Sachez que vous faites fausse route. L'on n'attrape pas des mouches avec... du "vin aigre".
Sa maîtrise du français ne lui permettait pas de connaître tous les proverbes. Son sourire s'effaça et un air las passa sur son visage. Mirolaïa n'était pas décidée à croire Simara. Elle avait vécu trop d'années au côté d'un fourbe ne lui voulant aucun mal pour ignorer qu'il existait des êtres tout aussi machiavéliques bien plus défiants à son égard. Comme Aleksandr lui manquait à cet instant. Lui aurait su aiguiller Simara sur la voie qu'elle voulait lui voir prendre. Qu'aurait-il fait ?.. Elle réfléchit assez rapidement. Probablement aurait-il pris le taureau par les cornes, il tenait cela de son père... le tsar... d'une certaine façon - et cela fit sourire la jeune femme- son frère Aleksandr était tsarévitch, ce qui faisait d'elle la tsarevna. Elle décida d'agir ainsi et regarda Simara droit dans ses orbes invisibles. Un rictus naquit sur ses lèvres.
- Ne tournons pas ainsi autour du pot. Que voulez-vous ? Je devine que l'intention que vous m'exposez n'est qu'une excuse... | |
| | | Ruth Tricksy Williams Catin
Nombre de messages : 14 Date d'inscription : 25/11/2006
| Sujet: Re: Un mystérieux rendez-vous [réservé] Mer 31 Jan - 21:11 | |
| [Simara est mort, ou bien ?] | |
| | | Mirolaïa Chvarned Svarna Ambassadrice/Admin
Nombre de messages : 96 Date d'inscription : 08/11/2006
| Sujet: Re: Un mystérieux rendez-vous [réservé] Sam 24 Fév - 17:24 | |
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| Sujet: Re: Un mystérieux rendez-vous [réservé] | |
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| | | | Un mystérieux rendez-vous [réservé] | |
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