Rencontre avec un malfrat...

Caleb se tenait tranquilement à l'endroit indiquer. Il ne savait pas vraiment ce que voulais l'homme, aussi il avait pris les grands classique qu'on lui demandais souvent. Il avait l'habitude de ce genre de situation. Les gens voulais empoisonner pour telle ou telle raison... Mais politique ou privé, elles étaient presque toujours les même...

Tandis qu'il se tenais là, plusieurs personne passèrent sans le regarder. Il avait l'habitude de se dissimuler dans l'ombre, bien que ce ne fut pas sa spécialité. Il se laissa aller au bruit du port. Ce n'était pas la mer pour sûr, mais il aimait le bruit de l'eau. Etant plus jeune, il se laissait aller dans le hammams de son père... puis plus tard, lors de ses voyages, il avait découvert les bains publique. C'était sans doute à Rome qu'il s'y était le plus plût...

Il fut sortit de sa rêverie par un mouvement non loin. Il se redressa en sursaut mais ses yeux ne lui révélèrent rien d'anormal. Il se concentra un peu plus. Il ne voulait pas passer pour un incapable à cause d'une simple inatention. L'homme allait sans doute arriver.

Au loin il se passait quelque chose. Des cris joyeux se faisait entendre. Ils ne venaient pas de la taverne, mais d'un autre endroit. Caleb irait sans doute par là ensuite. Il savait que cet endroit s'y trouvait, mais n'y était jamais entré. Les dames de Paris lui étaient encore inconnues... Oui c'est là qu'il irait ensuite... Des pas se firent entendre. Il se tourna dans leur direction et attendis.

Les chapes de brouillard obscurcissaient les lieux. Un mendiant boiteux et malingre s'avançait de sa patte folle vers la silhouette qui se tenait dans l'ombre de l'un des piliers du pont. Il trébuchait à chaque pas, se rattrapant difficilement avec sa canne. Il se tenait le dos, comme en proie à d'intenses douleurs lombaires, enfin ses membres tremblaient légèrement, faisant osciller les nippes dont il était vêtu. Le tissu verdâtre tombait mal autour de son corps apparemment décharné.

Une barbe grise mangeait son visage émacié, dévoré par la lèpre. Ses yeux disparaissaient sous des sourcils broussailleux, pourtant, un oeil exercé aurait constaté qu'ils étaient clairs et alertes. Le vieillard jetait des regards furtifs autour de lui, semblant vérifier que personne ne le suivait. Sous sa crinière grisâtre apparaissaient quelques mèches étrangement pâles et lisses. Il avait cependant tous les aspects d'un vrai mendiant, seul quelqu'un connaissant la supercherie aurait pu se douter de la véritable identité de l'homme.

Il se posta devant la silhouette sombre et tendit la main en émettant quelques gémissements destinés à s'attirer un peu de pitié. Il espérait quelques pièces. L'ombre le regarda dédaigneusement puis l'envoya valdinguer. Sous sa veste, une énorme bourse. Le mendiant se redressa alors, dégaina un poignard et mit fin aux jours de l'être. Proprement, il s'appropria l'argent de celui-ci. Il l'adossa au pont dans la position où il était précédemment, de sorte que personne ne l'aurait cru mort.

Aussitôt, l'homme reprit son attitude de mendiant. C'était évidemment Sergueï, l'assassin blond. Il se tourna lentement et vit un homme légèrement typé arabe. Un sourire se dessina sur ses lèvres. C'était lui, il avait vu toute la scène. Les yeux glacés de Sergueï accrochèrent ceux de l'empoisonneur, sans les lâcher. C'était un regard si intense et si pénétrant que le plus courageux des hommes pouvait bien se trouver terrifié par ces prunelles d'azur argenté.

- Voilà le sieur, susurra-t-il de sa voix froide. Bonsoir...

Un léger ricanement le secoua et il s'approcha en boitillant outrageusement de l'homme. Dans ses yeux, une lueur de folie s'était allumée. Probablement l'homme n'avait-il jamais eu à faire avec ce genre d'être consumé de démence. Un grincement sourd s'éleva de la gorge du mendiant, il secoua sa main apparemment rongée de lèpre devant le visage de son interlocuteur. Il s'agissait en fait d'un maquillage, mais c'était fort complexe de le savoir...

Un sale lépreux... c'est ainsi qu'on le traitais... en envoyant un sale lépreux mendiant pour acheter ses fioles... On le considérais donc comme une basse besogne... Pourtant quelque chose clochaît là dedans. C'est néanmoins avec une certaine distance qu'il traita l'homme. Il pouvait lutter contre bon nombre de maladie ou poison... mais la lèpre... il valait mieu s'en méfier...

'Vous devez être l'homme qu'on m'as envoyé...'

Il jeta un regard méprisant sur le corp avant de revenir à l'homme. Ses yeux... il n'en avait jamais vu de pareil... il avait un coté effrayant. Caleb fit de son mieux pour ne pas le faire voir, mais il se doutait qu'un peu de crainte pouvait tout de même s'y lire.

'Vous êtes un assassin peu commun je dois dire..."

Il resta là un instant dans le silence. Il tentai d'examiner l'homme, sans s'en cacher, afin de percer la faille. Il n'en trouvait aucune pourtant, l'allure de l'homme semblait être parfaite...

"Et quel genre de..."

Il eut un sourir sadique qui s'afficha au visage

"... remède, cherche un homme comme vous ? Ou votre patron ?"

Il attendis la réponse de l'homme calemement. Parler de ce dont il connaissais le remit un peu d'aplomb, bien qu'il garde toujours une certaine distance avec celui qui était en face de lui.

- L'homme que l'on vous a envoyé... hin, hin...

Il eut un ricanement malsain, non pas rauque et guttural comme on l'aurait pu croire, non, mais jeune et clair. Ce timbre était presque aussi inquiétant que les yeux qui l'accompagnaient... ceux-ci ne s'étaient pas fermés malgré l'éclat de rire, la lueur de démence qui les illuminait s'était même accentuée. Il était fou, mais jusqu'à quel point ? Jusqu'à quel point était-il capable de cet oubli de soi qui rend les malades mentaux si dangereux ? Jusqu'à envoyer en enfer sa propre âme ? C'étaient là des questions auxquelles lui seul aurait pu répondre.

Pas même Dieu, non. Dieu lui-même craignait Sergueï, Sergueï ne craignait pas Dieu, ni Satan. L'Ancien ne viendrait pas le chercher de sitôt ! L'assassin assassiné ! La bonne blague. Non, cela ne se produirait pas. Il était assez méfiant pour déjouer n'importe quelle tentative, non ? Il était le tueur le plus brillant qui soit. Souvent, on faisait appel à lui en tant que meurtrier à gages. La belle affaire... Il s'acquittait de ses tâches avec une prestance inégalable. Aujourd'hui, il avait besoin d'un outil particulier, pas pour lui, non... mais pour son... "ami".

- Oui, on m'a... envoyé... hin, hin...

Un grand tremblement parcourut le faux mendiant, sa canne céda sous lui et il fut précipité en avant. Il percuta violemment Caleb et les deux hommes tombèrent. Apparemment sans le faire exprès, le vieillard boiteux mit ses deux mains sur le visage de l'empoisonneur. Ainsi, il souffrirait de la lèpre... ou plutôt croirait qu'il était atteint de la maladie, puisque Sergueï n'était pas plus lépreux que son interlocuteur. Il se releva en grinçant des dents et en se secouant comme un chien mouillé.

Il lissa d'un geste machinal sa tenue. Il avait laissé sa canne au loin et son maintien était noble. Il se tenait debout sans difficulté, pas même plié en deux, comme un homme jeune et dans la pleine possession de ses moyens. Il s'était déjà assuré qu'ils étaient seuls, à part le cadavre. Il avait donné des ordres à son réseau. Il recula légèrement, attendant que Caleb se relève. Un sourire narquois s'esquissait sur son visage. Ironie du sort, la brume s'élevant de la Seine les entourait langoureusement.

D'un geste, Sergueï fit disparaître ses postiches. Son beau visage apparut dans toute sa splendeur, pâle, fin, androgyne. Les yeux n'en brillaient que de plus belle. Une crinière de cheveux d'un blond presque blanc entourait son visage, il passa une main dans sa chevelure pour l'arranger. Voilà qui il était, un jeune noble aux vices et aux jeux fort cruels, un noble que chacun était en droit de craindre sans paraître un couard. Caleb apprendrait à se méfier.

- Comme vous le voyez... je n'ai pas la lèpre, murmura-t-il dans un français parfait, pourtant teinté d'accent russe. Je vous ai fait peur, n'est-ce pas ? hin, hin... Il n'y avait pas sur mes mains une lèpre que j'ai moi-même contractée mais... quelque chose d'approchant...

Il n'en saurait pas plus. En effet, sur les mains du tueur étaient enduites d'un germe de maladie qui agissait très rapidement. Il voulait s'assurer la coopération de l'empoisonneur. A malin, malin et demi. Sergueï agita, narquois, un flacon empli d'une substance translucide, devant Caleb. Celui-ci pouvait aisément comprendre qu'il s'agissait d'un antidote au mal qui viendrait bientôt détruire son visage. Ah, comme le Russe aimait ce jeu immonde...

- Je désire... un poison... très spécial... qui puisse se mêler à l'encre... ou à la cire... qui ne laisse pas de trace... qui ne demande pas d'être brûlé... qu'il suffit de toucher... ou... d'humer...

Son regard perçant se planta dans les yeux de Caleb.

- Et... peut-être... autre chose.

Caleb avait tenté d'ésquiver la chute de l'homme, mais rien n'avait fait. Il s'était fait avoir comme un débutant... Pris à son propre piège... Il l'avais comprit quand l'homme avait sortie la fiole de sa poche.

De mémoir, il connaissait beaucoup de poison qui aurait put lui être transmis de cette manière. Aucun moyen pour lui de determiner duquel il s'agissait. Une mine de mépris s'afficha sur son visage, mais on pouvait parfaitement comprendre que c'était contre lui. Il aurait dût le prévoir, mais rien n'avais put faire...

Le poison qu'il désirait ? oh oui il savait ce qu'il lui fallait. De la mort inodore... Mais que l'on pourrait mêler à l'encre... mhh un courrier spécial sans doute. On lui avait déjà demandé cela une fois. Il avait paré le problème d'une autre manière, mais pas avec la mort inodore... non... ce poison ne pourrait aller.

"Je vois que j'ai affaires au même genre de personne que moi. Des gens prudent..."

Il se maudissait de s'être fait berné... La moindres de ses phrases s'en ressentait probablement...

"Je pense savoir ce que vous recherchez... seulement je ne dispose pas de ceci ici. A part peut être le papier mortel."

Il allât dans sa sacoche et en sortie une petite pochette de tissus. Il l'ouvrit et en sorti un fin gan qu'on aurait presque cru en métal, mais souple comme du lin. Une aquisition faite lors de ses voyages... Il n'en avait que quelques un, mais on lui en demandait rarement. Il sorti également une petite fiole. Elle était minuscule, aussi petite que celle qu'il portait à son cou.

Il montra les deux à l'homme qui se tenais en face de lui. Il gardait son calme du mieu qu'il pouvait. Il ignorait avec quoi l'homme l'avait infecté... Il valait mieu ne pas accelerer la vitesse de propagation du poison par une panique incontrolable...

"Mettez ceci sur une feuille de papier, elle s'en enduira complètement. quelques goute suffiront amplement... Celui qui touchera le papier infecté sans autre protection que ce gant devrai mourir en quelque heures... Il sera fatigué, puis s'évanouira avant de mourir."

Il ne savait pas si cela conviendrais, mais c'est tout ce qu'il avait sous la main. Pour autre chose, il lui manquait des éléments... Mais il doutait qu'il puisse tenir assez longtemps pour les récolter...

Le dément regarda, méprisant lui aussi, l'empoisonneur. Il avait peur de ce poison qui se propageait actuellement en ses veines... la peur, voilà qui accélérait grandement l'action du poison. Qu'elle soit minime ou gigantesque, peu importait. Ce qui comptait était que Caleb Erthan n'avait plus que quelques minutes, quelques heures si son coeur était résistant, à vivre. Il serait si doux de sentir l'angoisse de l'agonie dans l'âme de l'homme... tant que Sergueï remarqua :

- N'ayez donc pas si peur... de toute manière... hin, hin... vous n'avez... qu'une heure à vivre... au plus...

Un sourire sardonique animait ses traits si figés. Il se balançait d'avant en arrière, menaçant à chaque instant de tomber à nouveau sur le jeune homme en face de lui, accélérant ainsi la propagation du poison. Une nouvelle dose dans le poison de l'être et c'était un arrêt cardiaque assuré. Hum, qu'il était doux de sentir la mort s'insinuer dans les veines d'un pauvre animal perdu et désorienté... Des animaux, c'était ainsi que Sergueï voyait les êtres qui l'entouraient. Ainsi, il n'avait que faire de leurs misérables vies...

Il rangea sa fiole d'antidote sur lui, près de son coeur. Pour le lui voler, Caleb devrait passer par la barrière de ses mains empoisonnées. Il n'aurait pas le temps d'absorber le contre poison et mourrait. Peut-être sentait-il déjà la langueur s'emparer de ses membres... ses pensées se troubler... son coeur battre plus vite sous l'effet de l'adrénaline que le poison obligeait à sécréter... Sergueï ferma les yeux un instant, humant dans l'air l'odeur de la terreur. La peur était un mot clé. Elle suffisait à asservir des nations, à tuer des hommes, à donner des ailes, parfois.

La peur annihilait la pensée, le courage, l'intelligence, la dignité. Quelqu'un de soumis à sa propre panique fondra en larmes, suppliera ses bourreaux de le laisser en paix... Pleurez, animaux, votre berger vous regarde de ses yeux froids. Le sourire sardonique qui barrait les traits de Sergueï s'accentua à ces idées macabres. Qu'il était doux de danser avec un cadavre... au clair de la Lune du Diable...

- Ainsi... vous avez quelque chose... à me proposer...

Il regarda, intéressé, ce que l'empoisonneur lui tendait. Un gant fort étrange et un flacon... Tout ceux qui se saisiraient du papier sans porter ce gant mourraient. C'était certes une technique d'un bel effet, toutefois, il désirait pouvoir faire manipuler cette lettre à d'autres que son destinataire, sans danger. Il fallait être hors de tout doute. Sergueï Alexeievitch était lavé de tout soupçon par son origine noble, toutefois, il n'était noble qu'en Russie... point en France. Or, un crime perpétré à l'étranger à partir de la France restait un crime...

- Ce poison ne me plaît guère. Il faut que seul le destinataire de la lettre puisse en mourir en lisant les mots et en s'approchant de l'encre... Peut-être vous donnerais-je un peu d'antidote, si vous avez ce que je cherche...

Il ressortit le flacon de contre poison et l'agita doucement. Le liquide translucide émit quelques flocs en s'écrasant contre les parois de verre, il paraissait le Saint Graal dans la lumière du soir. Mais les deux yeux gris entre lesquels il brillait... ces yeux-là lui ôtaient tout son attrait et ravivaient la peur. Et cette langue qui sortit pour darder vers l'avant, comme celle d'un serpent... quelle horreur...

- Peut-être même... vous donnerais-je la totalité du flacon... si je puis obtenir de vous un service.

Depuis un moment déjà, une ombre se mouvait sur les quais, sortant d'une péniche aux allures de bidonville qui maintenant dérivait vers la mer dans le silence des flots noirs de la Seine.
L'ombre en question n'était qu'un masque, forme anguleuse à mi-chemin entre l'homme et le démon. Il se déplaçait en glissant sur le sol, ne lâchant pas de ses yeux aussi bleus que bruns les deux protagonistes qui parlaient poison.
Caleb. C'était bien lui. L'empoisonneur prisé depuis l'absence de La Voisin. Il était bien moins impressionnant que ce que l'être l'avait imaginé. Il en fut quelque peu déçu. Ce n'était pas bien important, il ferait bien avec.
Un grand homme en face de lui semblait en position dominante. Nul doute qu'il s'agissait d'une personne importante. Pourtant, l'ombre ne s'intimida pas pour si peu et avança son allure mystérieuse vers eux.
Tout de rouge vêtu, celui que l'on surnommait "Red Diamond" leva sa main gantée de velours pourpre sur Caleb.
La forme ne parlait pas, ne semblait pas même respirer. Elle s'était simplement immobolisée là, attendant certainement une réaction qui ne viendrait peut-être pas.
Le vent sur le quais fit naitre quelques vagues sur les flots ténébreux de Paris et fit tousser une vieille personne qui passait sur un pont. Aucune chance que cette dernière ne voie ni n'entende les trois personnges.
Le doigt pointé de la forme au masque vénitien se déplaça et forma un "M" de façon gothique et harmonieuse. La personne masquée était-elle parfaitement éduquée, ou le geste n'était-il que le fruit du hasard ?
Une chose était sure, ce qu'elle voulait, c'était Caleb.
Pas une histoire de poison, ni une histoire de comptes à rendre... Juste une discussion de vivant à... vivant.
Si cet homme n'avait plus qu'une heure à vivre, autant que le masque en prenne un bout. La Fronde n'attendait pas.
Une fumée s'échappa de la fente qui faisait office de bouche, et on put deviner à travers cette dernière une rangée de dents dans la pénombre. Sans surprise, il y avait bien évidemment quelqu'un derrière le mystère de l'ombre.
Les dalles de pierre gelée sous leurs pieds semblait briller sous les feux des torches qui faisaient de Paris la Belle la ville des mille Lumières. Un chat passa, vite et discret comme la nuit qui le berçait et se cacha dans l'ombre, dans un monde qui n'appartenait plus à celui des Hommes. Il n'y avait plus rien autour du halo de lumière que trois ombres dont une dans une position singulière, une autre dans une position de domination et une autre enfin près de la Mort.
A petits pas, le vénitien s'approcha de Caleb, le doigt toujours pointé vers lui, jusqu'à ce que ce dernier ne soit plus qu'à quelques centimètre entre ses deux yeux.
De l'autre main, elle aussi gantée, il tendit une lettre cachetée de noir au noble. Sur cette dernière, un sceau singulier était fait à la cire noire, une feuille d'arbre semblait-il, avec écrit en minuscule en son centre en lettres Gothiques "Automne".
Le masque fit une révérence à la noblesse et releva son nez accusateur dans la direction de Caleb en supplément du doigt. La nuit était basse sur Paris, et déjà des plaques de gel apparaissaient sur la Seine, froides et impitoyables.

Caleb se devait de rester calme, mais il n'y parvennait pas entièrement. Il reprit ses esprits un instant. Il savait ce qu'il fallait à cette personne, mais il ne l'avais pas sur lui. Il lui faudrait cependant plus qu'une heure pour l'obtennir. Un léger compromis lui vint à l'esprit.

"Si vous me donnez quelques heures de plus, je pourrais vous trouvez ce que vous cherchez. Je sais ou allez, mais une heure ne suffira pas."

Il prit une profonde inspiration et se détendit un peu. On lui avait demandé une fois ce genre de poison. La chance voulut qu'il tomba par hasard dessus. La chance, ou la malchance selon le point de vu. Tandis qu'il allait reprendre la parole, La forme s'approcha de lui. Il observa le masque, curieux de savoir ce qui allait se passer.

Une lettre. Juste une lettre. Il la prit de sa main ganté et la décacheta pour la lire. Elle lui révélerais ce que voulais cette ombre mouvante, au doigt accusateur. Qu'allaît-on encore lui demander... ou lui reprocher ? Il se posa la question tout en parcourant les lignes d'un regard calme.

[hrp : diamond, pourrait-tu m'envoyer la lettre via mp pour savoir ce qui se trouve dedans ?]

Sergueï ne tressaillit pas quand l'être masqué arriva. Son regard d'acier dévia très légèrement en direction des frippes écarlates. Il était, sans pour autant se l'avouer, intrigué par cet inconnu qui ne pipait mot. Tels une lame acérée, ses yeux glissèrent du masque au doigt brandi, si algides qu'ils en auraient terrifié le plus courageux des braves. Cependant, celui qui se cachait derrière le masque ne s'intéressait guère à lui. Etrange... ce comportement...
Le Russe contempla sans aménité la lettre que l'homme masqué tendit à Caleb Erthan. Il eut une moue étrange, comme s'il tentait de juger la valeur de ce billet. S'il avait pu en lire le contenu, nul doute qu'il l'eût fait sans s'en faire prier. La curiosité était de nature chez l'homme de main. Toutefois il ne montra rien de son impatience, il estimait que ç'eût été de fort mauvais goût. Il parvint juste à distinguer le sceau, noir, frappé d'une feuille. Quelques lettres ornaient le végétal, il ne parvint à les discerner.
Sergueï se posait bon nombre de questions. Qu'était donc cette coutume qui consistait à se promener masqué, en tendant des lettres à des inconnus ? Etait-ce une tactique de la noblesse pour ne point se faire repérer dans l'emploi d'hommes de peu de loi, tel Caleb Erthan, empoisonneur ? Peu importait, dans le fond. La main gauche du Russe quitta subrepticement la poche où il conservait son contre-poison pour se refermer sur un fin poignard. Si attaque il y avait, l'auteur en aurait pour ses frais.
Lorsque Caleb, après avoir émis qu'il ne parviendrait à s'occuper de sa commande en une simple heure, lut le parchemin que l'être masqué lui avait tendu, Sergueï se prit à réfléchir, sans toutefois laisser transparaître ses émotions. La folie ne lui ôtait nullement son bon sens, il savait qu'il fallait peser le pour et le contre avant de prendre une décision. Oh bien sûr, le poison qui courait dans les veines de l'empoisonneur - que d'ironie !- était tout particulier, et contrôlable d'une merveilleuse manière... mais en userait-il...
Laisserait-il passer sa cruauté avant les besoins d'Aleksandr Svarna ? Il n'omettait point que son employeur lui avait offert une grosse somme en échange de ses services. Le prince voulait une vengeance envers ses ennemis et un accès assuré à la cour. Depuis peu, il en avait décidé ainsi, il pourrait mieux surveiller les frasques de Mirolaïa. Le regard de Sergueï brilla légèrement à la pensée de la jeune femme. Il ne la tenait pas en estime mais appréciait ses charmes à leur juste valeur... il n'aimait que peu l'aspect des Françaises.
Mais d'ailleurs... et s'il s'introduisait lui-même à la cour, par le biais d'Aleksandr ? Cela pourrait lui rapporter beaucoup, réfléxion faite. Il trouverait d'autres employeurs encore et, qui sait, avoir une emprise plus forte encore sur les Svarna. Pour y parvenir, il faudrait mener à bien sa mission. Il décida par conséquent de laisser vivre quelque peu l'empoisonneur... sans pour autant lui donner de contre-poison. Ou... un contre-poison quelque peu... inhabituel.

- Mon ami... n'échouez pas. Vous avez autant de temps que vous le voudrez. Ne soyez pas intrigué... mon poison est quelque peu... étrange... Vous comprendrez.

Il se voûta un peu plus et vérifia la place de ses postiches. Il lui fallait quitter l'empoisonneur...

- Rendez-vous au bordel demain matin. Tâchez d'avoir ma commande...

Le mendiant eut un sourire qui aurait pu paraître édenté et s'éloigna en boitillant dans la nuit noire.

Le noble s'était éloigné, mais le masque n'avait pour autant pas changé sa position qui semblait être une statue posée au hasard à l'équilibre sur les berges parisiennes. Une calèche passa sur le pont qui qurplombait les deux personnages restant dans un bruit de roulement grinçant et infernal, comme celui des boulets que trainaient les esclaves noirs dans les bas-fonds du palais de Versailles. Esclaves ? Certes, les nommer ainsi serait mal vu, mais au lieu de cacher la vérité comme la Fronde voile leur face, autant qualifier d'esclave ceux qui en sont.
Enfin, le personnage muet rabaissa son bras le long de son corps d'un geste sec et brusque, avec le même bruit que ferait une arme sortie précipitamment d'un fourreau de cuir.
La tenue fluide et mouvante du Frondeur semblait s'envoler avec la brise hivernale, de telle sorte que le personnage tout entier sembla à plusieurs reprise flotter dans les airs comme un fantôme léger que l'ennui aurait appelé. Le rouge de sa tenue sembla changer de tons au fil des lueurs des torches. Le sielce s'était installé, mais cepandant pas pour un long moment. Un rat noir et galeux passa en effet entre les deux protagonistes pour se glisser à son tour dans l'ombre du pont, et à en juger par le miaulement et les bruits de chasse entendus, on pouvait sans peine devnier que le chat caché depuis peu dans le même endroit avait enfin trouvé servi son dîner. Paris n'était vraiment pas un lieu tranquille, même à une heure très avancée de la nuit.
Immobile sur lui-même, toujours silencieux, le masque leva son nez sur Caleb et sembla le fixer, dans l'attente seule de sa réponse. Tant qu'il ne l'aurait pas, il resterait derrière les pas de l'empoisonneur. L'enseignement de la tenacité était mise en avant dans la culture de la Fronde, et jamais Red Diamond n'y fit défaut.
De la poche de son large manteau pourpre, Le Diamand sortit une fiole translucide emplie d'un liquide verdâtre. Le noble avait, semble-t-il, administré à Caleb un poison qui ne le ferait vivre qu'une heure durant. Hors, le noble était parti, et la vie de l'empoisonneur était donc en jeu. La fiole ne contanait que l'antidote que la Fronde possédait depuis fort longtemps, dérobé sans nul doute dans les appartements même de monsieur Svarna. La Fronde comptait ârmis ses membre la pire vermine et les plus fins renards. Peut-être que cet argument le déciderai de jouer en sa faveur...

Quand le noble repartit et le frondeur qui se trouvait parmis eux sortit sa fiole, Caleb se mit à sourir. Puis son sourir devint presque démoniaque, avant de se transformer en rire. Un rire de fou presque. Caleb semblait devenir fou de ce qui se passait autour. Il finit par se calmer et se tourner vers le frondeur

"Atuomne, c'est ça ? Ou est-ce Red Diamond votre nom ? J'ai déjà entendu parler de votre groupuscule... Mais je dois dire que c'est bien la première fois que je vous rencontre."

Il s'approcha de Red Diamond, ne se trouvant plus qu'a une cinquantaine de centimètre de son visage.

"Je reconnais cette fiole que vous tenez dans votre main. C'est un anti-poison d'une conception artisannal. Seul les gens plutôt doué savent le fabrique celui-ci... "

Il prit une profonde inspiration comme s'il cherchait à sentire le parfum de Red Diamond, fermant les yeux un instant.

"Qu'est-ce qui peut bien vous interesser dans ce qui c'est passé entre la femme et moi ?"

Le masque s'approcha de Caleb fort près. Bientôt, l'homme pouvait même sentir son souffle. Les bras vénitiens s'enroulèrent autour du cou de l'empoisonneur, et ses yeux incolore se fermèrent. Tout ce que la Fronde recherchait, c'était la perte de la monarchie. Q'un homme de la France soit inculte face à la situation était fort étonnant, pourtant Red Diamond ne se démonta pas. Ses yeux s'ouvrirent soudainement et elle tourna le dos à Caleb.
De sa poche, il sortit un parchemin et un bout de fusain, griffonant sur ce dernier quelques linges qu'il présenta à l'empoisonneur. Le masque muet ne sortait jamais la moindre parole.

"Ce qui interesse tant la Fronde
C'est de savoir pourquoi elle gronde
De la haine de Montespan est sorti
De cet acte la Fronde en sourit
Nous voulons savoir pourquoi car
Contre elle la monarchie nous clamons
En publique ses sautes d'humeur sont rares
Et quoique vous ayez fait nous le soutenons.
Red Diamond le nomé en face de vous je suis
Et point à vous jamais je ne nuis
Les renseignement pour la Fronde importent
Pour sur le Roy déverser la haine qui nous porte
Sois avec nous, grand ami empoissoneur
Et de nous vous aurez les grandes honneurs."

Le Diamant Rouge attendait, l'antidote en main suspendu par-dessus les flots. S'il parlait, il était sauvé... Sinon, dans la Seine la fiole serait jetée. La noyade avec le courant et le gel serait malheureusement les seules dernières options de Caleb. Le masque espérait que ce dernier s'en rende compte. La Fronde lui revaudrait bien ses renseignements, et si comme royaliste il était considéré, il aurait non seulement les partisans de Versailles derrière la Favorite, mais en plus la Fronde contre lui... Et moult personnes savaient qu'Automne pouvait s'avérer bien plus cinglant que le monarque de France.

Caleb se laissa faire. Il savait parfaitement qu'il était en train de jouer sa vie à pile ou face. La fronde... Il en avait entendu parler une fois au hasard d'une taverne... Un homme ivre lui avait laisser entendre que ce mouvement était contre le Roy... Apparament il avait raison. Pauvre homme... Ses bières furent les dernières. Caleb n'était pas homme dont on se souvennais. Ainsi la fronde luttait contre la marquise. C'était une bonne chose. Même si elle était une sourece d'argent intéréssante, il ne l'aimais pas.

Il parla d'une voix calme et amusé.

"La marquise est venue mander un poison spécial. La sécurité m'a poussé à prendre des précaution."

Un sourir malsain s'afficha sur son visage.

"Il est parfois difficile de négocier quand un poison s'est propagé dans l'air au début de négociation, et qu'un homme en fait les frais. Elle sais maintenant que mes talents sont réél, et que mes scrupules sur certain point sont inexistant."

Il laissa sa dernière phrase se répendre dans l'aire comme la brume qui les entouraient. Puis il reprit

"Je n'ai pas de choix politique dans ce pays... Pour l'instant. Mais je pense que mes ennemis seront bientôt nombreux et puissant. Je doute qu'il soit très prudent de rester seul maintenant. Et si je puis servir..."

Il ne bluffait pas. Ses yeux s'était arrété à de nombreuse reprise sur la fiole. C'était un homme de parole, mais un homme prudent. Il pensait bien que la fronde pourrait l'aider, et qu'il pourrait aider la fronde.

Le masque se courba devant la réponse attendue, et comme promis, la fiole fut donnée à l'empoisoneur. De ses amples toilettes fut sorti un médaillon, une chaîne de bronze surmontée d'une feuille de la même matière qui en pendait. Le signe des frondeurs. Beaucoup dans les rues se promenaient avec ce genre d'apparât et il signifiait que l'être le portant avait déjà servi la Fronde et avait donc droit à ses soutiens. En général, il se portait sous les habits pour ne pas éveiller la méfiance des gardes, et pour ne pas finir au fin fond des caves, des balles dans le ventre.
Un souffle sortit de la bouche du masque, laissant un énième semblant de fumée dans l'atmosphère, et enfin il disparut dans la nuit, laissant seul Caleb et ses pensées.
Si ce dernier voulait faire partie de la Fronde, il serait dorénavant la bienvenue.
Red Diamond laissa derrière lui les quais embrumés et glacials surmontant la Seine gelée par endroit et les torches dansantes éclairant les berges allumer certaines parties des lieux.
Un chat noir sortit du pont, une queue de rat sortant de sa gueule, et lestement prit la suite du Frondeur, prenant le même pas de velours gracieux que ce dernier.
Les ténèbres enveloppaient les quais avec cette masse envoutante d'inquiétude que ressentent les enfants seuls dans leur berceau. Il était maintenant temps que chacun regagne son cocon...
Ainsi se termine la mission première du Diamant Rouge.

[Fin de la Mission Première]

Caleb regarda l'homme partir dans la brume. Il débouchonna la fiole et passa son nez au dessus. Comme il s'y attendais, cet antidote avait un gout particulièrement repoussant. Il ne comprennait pas pourquoi les poisons était si doux, et les antidote aussi mauvais. Avec une grimace de dégout, il ingurgita le contenu de la fiole.

Il lui fallait maintenant trouver le poison qu'avais demandé le russe. Il savait ou aller, et s'y rendrait immediatement.

Le collier que lui avait donné automne passa autour de son cou, et disparut sous sa chemise. Il avait à présent des alliés. Même s'il ne les connaissaient que peu, il pensez pouvoir leur faire confiance. Etrange méthode qu'ils avaient d'agir, il ignorait comment les concacter si le besoin s'en faisait sentir? Mais il savait qu'ils le contacteraient s'il en avait besoin. Il disparut à son tour et parti pour une direction inconnu.