Versailles, 1667
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Sous le règne du Soleil se trament de drôles de choses...
 
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 Fiche 1 : Antoine de Saint-Marin (personnage Frondeur)

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AuteurMessage
Mirolaïa Chvarned Svarna
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Mirolaïa Chvarned Svarna


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Date d'inscription : 08/11/2006

Fiche 1 : Antoine de Saint-Marin (personnage Frondeur) Empty
MessageSujet: Fiche 1 : Antoine de Saint-Marin (personnage Frondeur)   Fiche 1 : Antoine de Saint-Marin (personnage Frondeur) Icon_minitimeLun 8 Jan - 23:08

Fiche 1 : Antoine de Saint-Marin (personnage Frondeur) Antoinemg0

Nom: de Caumont LaForce de Castelnaud Choizeul Beaupré, dit de Saint-Marin
Prénom: Antoine, dit "le Vent"
Âge : inconnu, dans la trentaine...
Statut: noble déchu et poète controversé...
Nationalité: française

Physique:
De douleur mon visage est marqué
La souffrance s'est inscrite sur ses traits
Et brille dans mes doux yeux gris
Qui rendent mon âme adoucie.
Par les soupiraux de mon esprit
Voyez le poëte qui écrit et crie
Cette horreur sous son nez aquilin
De ses mains aux longs doigts fins.
Voyez où je vais et qui je suis,
Sous mes longs cheveux de lin brun,
Et derrière ce teint par les années pâli
Voyez l'expression du plus grand chagrin
Se cachant sous d'épais sourcils fournis
Un regard tendre et cruel scrute alentours
A la recherche d'un être de haine ou d'amour
De cette "inspiration" de la poésie.
D'albe, d'écarlate, d'argent et de noir
Ainsi est cette chevelure qui cache mon désespoir
Celui qui naît lorsque je vois dans un miroir
Mon âme auréolée des lueurs du soir.
Psychologie:
Les vers sont ma foi fort contraignant.
Oh, bien sûr ils incitent à la douceur,
Mais ce autant qu'ils exaltent la noirceur...
L'âme d'un poëte n'a rien d'avenant.
Laissez-moi vous présenter, doux amis,
Les délires d'un forcené trop poli
Qui devant tout et rien avec déférence s'incline
En gardant rancoeur du peu d'estime
Qu'il gagne à écrire et à dire tout haut
Ce que chacun pense tout bas.
Il faut savoir que le poëte ne ment pas
Il ne connaît que la vérité et ses fléaux
J'ignore en effet ce qu'est une tromperie
Ou plutôt si, car j'en ai subi,
Mais jamais infligé : j'en serais fâché
Ce serait insulter mon art tant aimé.
D'aucuns me croient bien trop naïf
Par la faute de mes yeux expressifs
Ils pensent que je ne sais cacher ce que je suis
C'est vrai : jamais je n'ai sur moi menti.
L'orgueil m'est un ami fidèle bien connu
Ma fierté parfois m'étouffe et me damne
J'aime que mes oeuvres soit reconnues
Autant par les sieurs que par ces belles dames.
Il vous faut savoir que le Vent n'a qu'une loi :
Celle qui gouverne ses entrailles et son estomac.
La faim le guide, l'appétence de vie, l'élan
Et non cet étrange amour de l'argent.
Le Roy ? Il n'est après tout qu'un homme
Certes il croit qu'il est représentant d'un dieu
Mais dans ce cas l'un et l'autre sont tout comme...
Quiconque aux femmes succombe n'est, parbleu
Ni plus ni moins que n'importe quel autre être :
Un amas de chair et de sang, un terrestre.
Je ne respecte ni Dieu ni Louis,
Ils pourront bien pour ce crime m'ôter la Vie,
Le Vent n'a au fond qu'une unique Loi,
Celle de son estomac.

Arme: mes mots et ma plumes... pour les victimes récalcitrantes, un couteau.
Signe particulier ou objet fétiche: Signe particulier ? celui qui attire le regard d'un être sur un parchemin, l'encre dont je suis écrit... Objet Fétiche ? cette belle plume que j'ai sans cesse sur moi...

Histoire :
Ma chère soeur,
Depuis ce temps que je t'ai quittée, je ne me souviens même plus des traits de ton visage. Je n'ai aucune honte à te l'avouer, douce amie, ils s'envolent tels des anges montant au ciel. Vois-tu, seuls me restent les effluves d'une chevelure, l'arôme d'une joue que je baisai par amour, l'éclat d'un sourire si doux qu'il en aurait apaisé les coeurs les plus furieux. Tendre moitié ! Je m'adresse à toi en les termes de la plus pure amitié. Je sais que tu m'en veux de mes actes : je le comprends.
Mais vois-tu j'aime trop ce que je suis devenu. J'aime cette vie que je mène, ce train délicat qui m'attire dans les bras d'exotiques amantes : les phrases. Ma plume grattant le papier est un délice dont je ne saurais me passer, même, et tu sais ce que cela signifie, pour tes yeux d'azur. Belle enfant, tu me manques énormément, dans mes heures sombres, seule cette fidèle amie m'aide, comprends-le.
Tu n'as pas compris que je quitte la cour sans t'en avertir, ni encore que je m'en aille avec force démonstrations de colère envers le roi. Tu ne le comprends toujours pas, j'en ai peur ! Ah, belle amie, comme vous êtes cruelle de croire à un instant de folie. Non, je n'oserais prétendre que mon esprit soit sain et dénué de toute démence, comme tu le sais je ne mens jamais.
Te souviens-tu de notre enfance ? Phoebé, l'on nous appelait les Faux Gémeaux, et l'on nous habillait de la même manière. Nous nous ressemblions pourtant ! Nos visages étaient alors tous deux ronds et lisses, des boucles blondes entouraient ces cercles diaphanes. Nous avions l'air d'anges, toi avec Père, apprenant tout ce que moi j'apprenais avec mon précepteur. Nous semblions des anges, nous ne l'étions pas, ni toi ni moi. Nos yeux seuls permettaient de le découvrir...
Nos yeux d'un gris clair, brillants. Les miens, de démence, les tiens, de cruauté et de vice. Tout cela était encore latent... Père ignorait que nous étions loin de cette image qu'il se faisait de nous. Il était obnubilé par la mort de Mère, même après toutes ces années. Sept ans déjà qu'elle avait succombé, et il ne pouvait toujours pas l'oublier. Tu te souviens ? Quand tu avais surpris l'étrange discussion entre Père et cet homme, cet homme bien trop beau et dangereux... tu avais eu peur, tu t'étais réfugiée dans mon lit, le soir. Toute la nuit, nous avions tremblé de concert, terrés l'un contre l'autre... je ne comprenais pas ta peur, je la ressentais, je la partageais.
Moi, j'avais abandonné les études. Les mathématiques, l'algèbre, le grec, cela ne me plaisait guère. Je me contentais d'écrire, du matin au soir, du soir au matin, tandis que tout le monde croyait que je travaillais à quelque obscur projet. Non, je composais mes premiers vers, bien médiocres alors, quoiqu'ils le soient toujours -non, ne proteste pas. C'est le propre des artistes de n'aimer rien de ce qu'ils produisent. Et je n'aimais pas mes créations, je les froissais et les jetais contre les murs de rage.
Ma passion pour la poésie s'exacérbait à chaque fois que je croisais ton regard. J'y avais décelé déjà tout ce qui s'y cachait, cette prédisposition à la luxure et à la haine... j'avais composé en l'honneur de tes prunelles un long poème, en me relisant, je constatais que c'était à moi-même qu'il s'adressait. Démence, folie, insanité, non, ce n'était pas ta pure beauté qui portait les stigmates de cela... c'était mon être blond encor.
Je me sentis frappé de la révélation. Je demandai alors à Père de m'envoyer étudier à la capitale, dans un collège où les garçons de bonne famille apprenaient les manières et l'étiquette de la cour. Je m'instruisis alors de l'escrime, de l'équitation, de la danse, et de toutes ces matières qui m'avaient révulsés, étant enfant. Bon gré mal gré, je m'y pliais... je devais oublier ce que j'avais entraperçu de mon être et je m'y attelais en trimant dur. Non, je n'étais pas fou. Non, non, non...
Hélas, quand je revins, quatre ans plus tard - j'avais alors douze ans- tu m'appris que Père était mort. Je suffoquai. Pourquoi ne m'avais-tu rien dit, Phoebé, ma Phoebé ? Tu étais occupée à tes amourettes avec Clément Boisson. J'eus aimé que tu l'oublies, car j'étais jaloux - jaloux de ce garçon qui avait supplanté dans ton coeur de pierre ton frère gémeau... Ma soeur, je t'ai aimée, je t'aime encore d'un amour qui est plus cruel que celui que porte un jumeau à sa semblable. Un amour passionné d'un homme à une femme.
Un désir.
Et ce Clément te trompait... je ne pouvais le supporter. Fou de rage, je le suivais où qu'il aille, ombre dans ses pas, reflet de son miroir. Je voulais le faire mourir de peur. Ma douceur suave me restait toutefois, j'étais mielleux à chaque fois qu'il me voyait, cela l'inquiétait. Il me craignait, ton fiancé, comme l'on craint la peste ! Phoebé, ma Phoebé. Pourquoi m'avoir infligé cette si cruelle souffrance ?
Tu courais les salons. Avec les années, tu avais gagné en assurance, et les décolletés de tes robes laissaient entrevoir que tu étais une femme, et des plus belles. Moi, j'avais repris la plume. J'exorcisais cette raison qui me faisait défaut dans d'insolentes lignes, où je déplorais la sottise des nobles, l'horreur que m'inspiraient ces jeux de cour auxquels tu t'adonnais. La plupart de mes sonnets cependant visaient ton fiancé, ton ignoble fiancé.
Et il y eut tes dix-huit ans. Je ne te vis plus durant des années, ou plutôt, je te vis physiquement sans que tu sois présente. Je me renfermai alors, comprenant que mon être n'était plus désirable à tes côtés. Tu avais oublié Clément, ton frère, ton passé. Tout ce qui comptait à tes yeux était cet autre Antoine, ce De Lauzun qui t'avait fait pleurer contre moi une décennie plus tôt. Maintenant, c'était contre lui que tu étais, et tu ne pleurais pas... non. Tu gémissais, tu criais, tu riais, mais jamais ne pleurais. Il ne te laissait pas pleurer.
Ton petit frère, il n'existait plus. Il se renferma dans ses poèmes et quitta en même temps que toi l'ancien palais. Mais il te suivit, bel ange, à travers Paris. Je savais que tu vivais dans la débauche -cela ne m'étonnait guère, je l'avais lu dans tes yeux depuis si longtemps. J'ai ce don qui me permet de dire ce que chacun est rien qu'en déchiffrant ses prunelles... toi, tu étais une vipère langoureuse. J'ose espérer que tu as changé, à présent que tu lis cette lettre.
J'étais à la cour quand tu y vins. Mes cheveux, je les avais teints au henné pour cacher combien ils blanchissaient, mon nom, il n'était plus le même. Tu ne me reconnus pas, moi, si. Je te suivis longuement, ou plutôt je suivis ton époux. Il était beau, à tes côtés. Je comprenais que tu puisses aimer cette démarche lente et gracieuse, cette tenue étudiée, cette allure. Je comprenais que tu puisses oublier mon élégance des temps passés, je te pardonnais.
En revanche, je ne parvenais pas à excuser celui qui avait ravi ton coeur. Antoine de Lauzun. Je le haïssais... j'aurais voulu le tuer. Un jour, il est allé dans Paris, sans toi, consulter un empoisonneur - à ta demande, je le devine. Il n'avait pris aucune escorte et sortait de nuit, c'était un danger qu'il n'aurait pas dû se permettre. C'est moi qui l'ai poignardé, moi qui ai rentré le couteau cinq fois dans sa chair. Sais-tu ce qu'est l'extrême jouissance qui se produit lorsque tu enfonces une lame dans le corps de celui que tu hais le plus au monde ?
Sais-tu ce que l'on ressent lorsque la peau cède, s'écarte, laisse apparaître la viande rosée, si molle et si douce, dans laquelle tu t'introduis si facilement ? Sais-tu ce qu'est la chaleur du sang sur tes mains ? Sais-tu ce que c'est de toucher l'os haï, de le briser d'un coup sec, au niveau du cartilage, sans scrupule, sans ciller, en y prenant un plaisir malsain ? Tu l'ignores encore, je le sais ! J'ai tué cet homme qui était l'ennemi le plus terrible qui me soit donné de connaître.
Tu l'as pleuré, je t'ai pleurée. Tu ne savais toujours pas qui j'étais. Je t'épiais de loin, observant tes faits et gestes, et je publiais mon premier recueil de poèmes. Il n'était point trop agressif, parlant d'yeux gris, de folie et d'un jeune homme non noble qui ravissait le coeur d'une princesse aux boucles blondes. Il eut un franc succès auprès de ces dames qui y voyaient les complaintes d'un être mélancolique.
Tu compris alors. Tu sus qui j'étais. Il t'avait fallu cela pour que tu reconnaisses celui qui t'avait accompagné toute ta vie, à travers chacun de tes pas. Tu me vins voir, tu m'embrassa, me conta tes malheurs. J'étais peiné de chacun de tes mots. Pourquoi ? Parce que tu me mentais, Phoebé ! Tu te mentais. Au fond de ton regard, je lisais un reproche : tu savais que j'avais tué cet autre Antoine. Ce n'était pas le geste que tu méprisais, c'était le fait que je sois Antoine de Caumont LaForce de Castelnaud Choizeul Beaupré, et non Antoine de Lauzun. Je n'étais ni puissant, ni influent, ni même intéressant. Cela, tu n'arrivais pas à l'admettre.
Mais ce n'est pas pour cela que je quittai la Cour. Je finis par oublier cet amour incestueux que je te portai autrefois, j'étais tombé amoureux d'une jeune femme. Elle était jolie, élégante, charmante et fraîche, elle aimait mes poèmes. Nous commençâmes une tendre idylle. Je voulus l'épouser, je la demandai en mariage, alors elle me dit qu'elle ne le pouvait, sans plus m'expliquer.
Quelques jours plus tard, je compris, grâce à toi et Madame de Montespan. Tu m'expliquas qu'elle était furieuse, une jeune fille occupait actuellement le roi. Aveuglée de fureur, elle ne voyait pas que cette gamine n'occuperait le souverain que quelques jours. Je fus amusé de l'anecdote, jusqu'à ce que tu me dises le nom de cette fille. C'était ma dame. Mon amour. Je le pris fort mal...
Quand je la vis au bras du roi, discrètement, je perdis tout contrôle. Je fis quelque chose que jamais je n'aurais dû faire -mais que je ne regrette nullement. J'entrai dans la pièce où tous deux discutaient et demandai vertement au souverain si sa royauté l'autorisait à voler au Poète sa Muse. Je hais cet homme, je le hais plus encore que je ne haïssais l'autre Antoine, parce qu'il est plus puissant et invincible.
Nous eûmes une virulente altercation durant laquelle il me rappela qu'il était Roy et que je n'étais, comme je l'avais justement dit, qu'un poète. Mon Ange tenta de s'interposer entre lui et moi - sans succès. Sans Madame de Montespan et son grand esprit, nous nous entretuions. Elle raisonna le roi, lui expliqua qu'elle souffrait de la situation. Il revint vers elle... mais obligea mon Ange à s'enfermer dans un couvent.
Je quittai alors la Cour, attendant ma vengeance. Je critique à présent le souverain à mots découverts, lui et sa basse-cour. Il veut me pendre, La Reynie et ses chiens sont à mes trousses, l'on veut ma tête et mon corps pour les exposer en menus morceaux Place de Grève. Montfaucon me tend les bras. Je me détache de la vie et la regarde avec mépris, chaque jour mes écrits sont plus virulents. Je finirai par les lasser, les tuer.
On ne pend pas le Vent que je suis devenu.
Je t'aime, chère soeur...
Antoine.


Le poète regarda sa lettre une dernière fois. Elle était parfaite. Il la glissa dans la poche de son justaucorps défraîchi, tout contre son coeur, et sortit. Jamais Phoebé n'aurait ce message...
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