Versailles, 1667
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Sous le règne du Soleil se trament de drôles de choses...
 
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 Hôtel Particulier Svarna

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Mirolaïa Chvarned Svarna
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Mirolaïa Chvarned Svarna


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Date d'inscription : 08/11/2006

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MessageSujet: Hôtel Particulier Svarna   Hôtel Particulier Svarna Icon_minitimeDim 26 Nov - 0:53

Hôtel Particulier Svarna Vampiremle53eb


Aleksandr n'avait pas froid, lui. Probablement n'était-ce pas le cas de ce mendiant qui le suivait désespérément depuis une heure le long de la Seine, boitillant le plus vite que sa jambe raide le lui permettait. Le vieillard s'appuyait sur une canne de bois vermoulu, des fripes jaunâtres le recouvraient d'un lambeau fin. Des cheveux grisâtre tombaient en boucles sales le long de son visage émacié et édenté, il tendait la main sans cesse vers le jeune noble, s'accrochant à sa veste, la tirant comme pour attirer l'attention de l'homme.

Celui-ci faisait comme si de rien n'était, marchant d'un pas sûr vers une lueur au loin, une flamme tremblotante à la fenêtre d'une demeure. Il ne tenait pas compte des baragouinages du mendiant, probablement du latin ou du mauvais espagnol. Il ne soufflait même pas d'exaspération, calme et égal à lui-même. Il semblait poursuivre un idéal qui lui était propre. Ni le vent frais qui se dispersait sous les ponts, ni l'eau glacée qui miroitait non loin de ses pieds, ni les regards avides des truands ne pouvaient le détourner de son but.

Pourquoi personne n'avait-il encore attaqué ce jeune homme, pour la bonne raison qu'il était très imposant et devait certainement détenir de nombreux contacts à la cour. Aucun meurtrier ne tenait à mourir à son tour, même pour une somme d'argent considérable. S'ils avaient su, tous, qu'Aleksandr ne parlait pas un mot de français... Chanceuse que sa soeur qui savait assimiler un langage si vite. Lui ne parvenait à baragouiner cette langue si laide. Le russe était tellement plus gracieux.

Le jeune homme monta quelques escaliers, se retrouvant dans une rue moyennement éclairée, vide d'occupants. Tout était paisible, on approchait des beaux quartiers. D'un pas nonchalant, il s'engouffra dans une rue longée de magnifiques hôtels. Ses longues boucles noires volaient derrière lui de même que sa veste grenat, il paraissait si pâle que d'aucuns l'auraient volontiers pris pour un fantôme. Dans son beau visage brillaient de grands yeux améthyste, comme ceux de sa soeur.

Que de ressemblance entre eux ! Toutefois, Aleksandr était immensément plus beau. Il séduisait tant les hommes que les femmes, et s'adonnait à toutes les aventures qui se présentaient à lui. Son coeur cependant n'allait qu'à une seule, une seule et unique qui avait son entier amour et sa dévotion éternelle : sa soeur, Mirolaïa. Il était d'une jalousie maladive et n'hésitait pas à repousser violemment les hommes faisant la cour à la demoiselle.

Il arriva devant une grande porte de chêne ouvragé. Des motifs de fer forgé doré à la feuille l'ornaient. La poignée représentait une tête de serpent aux yeux formés de rubis qui semblaient étinceler dans la nuit, conférant à cette entrée un air vivant qui était pour le moins gênant. Sortant une clé de sa poche, il ouvrit et s'engouffra dans le hall d'entrée, le mendiant sur ses talons. Il se débarrassa de son manteau sur un bahut d'acajou qui se tenait dans un coin. Ses pas claquaient sur le sol de marbre noir et blanc, disposé en échiquier, la canne du mendiant produisait un vacarme du tonnerre qui montait jusqu'au plafond fort haut, se heurtant aux murs lambrissés.

Le russe emprunta un imposant escalier marmoréen qui le mena dans un couloir tapissé de soieries grenat, agrémenté de portes aussi belles que celle de l'entrée. Des tableaux représentant des hommes et des femmes aux yeux améthyste ornaient les murs, entourés de candélabres d'or. Des lustres de cristal pendaient au plafond et dispensaient leur douce lumière. Les serviteurs avaient allumé les bougies.

Aleksandr entra dans un salon élégant, bordeaux. Le mendiant le suivait toujours. Une cheminée imposante occupait une place non négligeable de l'ameublement, avec son linteau de marbre sculpté et son intérieur déjà noirci par la fumée. Un feu ronflait doucement dans l'âtre, sans bruit. Au-dessus se tenait un immense miroir encadré d'or qui donnait à la pièce une taille considérable. Les deux grandes fenêtres qui l'encadraient donnaient sur la rue et étaient fermées par des rideaux pourpres tenus par un cordon d'or. Des soieries sombres ornaient les murs, elles étaient brodées de fleurs délicates. Le sol était un parquet d'ébène.

Le jeune homme se laissa tomber dans un fauteuil. Négligemment, il posa ses pieds sur la table basse qui ornait l'endroit. Son regard troublant se vrilla dans celui du mendiant, un sourire narquois naquit sur ses lèvres. Cet individu n'était pas plus pauvre que lui-même, et le pire, c'est qu'il croyait encore qu'il ne l'avait pas deviné. Un petit rire s'échappa de sa gorge, il gloussa un moment avant de laisser échapper :

- Вы реально жалостливы. Препятствуйте нам пойти, делайте падением маску. (Vous êtes vraiment pitoyable. Allons, faites tomber le masque).

Le mendiant trembla une dernière fois puis ôta la chevelure postiche qui masquait sa blondeur enfantine. Il se redressa et laissa tomber sa canne. Ses beaux yeux bleus clairs brillaient étrangement, il paraissait content d'avoir été si vite découvert. Il claqua sa langue d'approbation, un grand sourire aux lèvres. Aleksandr, le reconnaissant, rit de plus belle et se leva pour serrer dans ses bras un ami de longue date qui l'avait aidé de nombreuses fois depuis qu'ils avaient quitté la Russie avec Mirolaïa.

Sergueï n'avait rien d'honnête. C'était un assassin sans foi ni loi, ne reconnaissant d'autorité que celle de son estomac. Il avait prêté allégeance à Aleksandr, mais celui-ci savait bien que c'était pour mieux le trahir. Toutefois, rien dans son visage enjoué ne laissait paraître ses doutes. Il était placide et calme. D'un geste, il invita le meurtrier à s'asseoir sur un fauteuil et lui servit une goutte de vodka translucide. Il leva son verre à la santé de son ami, but d'un trait et reposa le cristal. Certes, la coutume voulait qu'on jette le verre derrière soi, mais il ne désirait pas gâcher du si beau matériau.

- Будет причина вашего прибытия в утески, Sergueï? То сделало так длиннее время...
(quelle est donc la raison de ta venue dans les parages, Sergueï ? Cela fait si longtemps...)

- Для того чтобы сказать правду, я изыскивал вас, дорогой брата. Я желаю предложить мои обслуживания к вам, once more. (A dire vrai, je te cherchais. Je désire t'offrir mes services, une fois de plus [en anglais dans le texte])

- Я не верю слову его ! Но то оно таким образом, я слушает к вам. Вы предлагаете к мне ? (Je n'en crois pas un mot ! Mais qu'il en soit ainsi, que me proposes-tu ?)

- Головки ваших противников. Вы будете иметь красивейший реванш. Я имею некоторое красивейшее отношение с интересными людьми... (la tête de vos ennemis. Vous aurez une belle revanche. J'ai de magnifiques relations avec des personnes très intéressantes...)

La discussion se poursuivit à voix bien plus basse. Il fut alors question d'or et de payement, une dispute gronda, vite étouffée. Finalement, Sergueï remit son postiche, salua Aleksandr et sortit... Il avait donné rendez-vous à un empoisonneur de Paris, sur les quais de la Seine.
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